17200059 - Philosophie moderne

Niveau de diplôme Master - Semestre 2
Volume horaire total 24
Volume horaire CM 24

Responsables

Contenu

Année universitaire 2022-23

Enseignant :
Clément RAYMOND

Thème du cours : L'Autorité, enjeux modernes et conceptualisations contemporaines

Présentation du cours :
On entend souvent dire que les XVIIe (le siècle du rationalisme classique) et XVIIIe siècles (celui des Lumières) ont vu le déploiement de philosophies qui ont profondément remis en cause les formes traditionnelles d’autorité. La raison ou l’esprit critique ont en effet dénoncé les autorités traditionnelles dans le champ du savoir ou contesté la légitimité de certaines autorités politiques. Pour autant, ces remises en question sont allées de pair non pas avec une dénonciation de toute forme d’autorité, mais avec une réflexion sur ce qui pourrait en faire la légitimité. Ce sont ces débats, et la notion d’« autorité », que ce cours propose d’étudier.

L’investigation en sera à la fois conceptuelle (comment définir l’autorité ? admet-elle une ou plusieurs formes incommensurables ?), descriptive (comment se manifeste-t-elle et s’incarne-t-elle ?) et prescriptive (que disent les auteurs et autrices de l’âge classique sur ce qui fait la légitimité ou l’illégitimité d’une autorité ?).
Nous aborderons plusieurs thèmes qui recouvrent chacun des enjeux spécifiques :
  • la remise en cause des autorités traditionnelles dans le champ du savoir et la réflexion sur la figure du maître, qui travaillent le XVIIe siècle, seront l’occasion de déployer des enjeux de philosophie de l’éducation, et poseront la question de l’intrication des normes épistémiques et politiques ou sociales.
  • la dénonciation répétée, dans les textes modernes, des mauvais usages de l’autorité (sophismes, abus de pouvoir), permettront d’étudier l’interaction entre l’autorité qui caractérise une institution et celle qui échoit à ses membres en tant que tels.
  • la présentation de la Querelle des Anciens et des Modernes permettra de s’interroger sur ce qui fait un auteur ou une autrice, et sur l’autorité dans les arts et les lettres.
  • les théories contractualistes nous intéresseront doublement. D’une part, elles questionnent la possibilité d’une autorité naturelle : indépendamment de l’existence politique ou sociale, certains individus ont-ils de l’autorité ? D’autre part, elles interrogent ce qui peut fonder la légitimité d’une autorité politique ou des institutions de l’État.
Ces thèmes seront abordés selon une double perspective historique. Nous partirons toujours des textes des XVIIe et XVIIIe siècles dont nous étudierons les thèses ; celles-ci seront mises en résonance, pour en évaluer la pertinence et l’actualité, avec des conceptualisations contemporaines de l’autorité (M. Weber, H. Arendt, P. Bourdieu, et autres).

Bibliographie

Une bibliographie exhaustive sera donnée en début de semestre.

1/- Références modernes
  • Descartes :
    • Discours de la méthode, en particulier : I, II, et VI.
    • Méditations métaphysiques, en particulier : « Épître au Doyen et aux Docteurs de la Sorbonne », Ire Méditation, « Lettre au père Dinet ».
    • Correspondance avec Élisabeth de Bohême.
  • Hobbes, Léviathan, François Tricaud et Martine Pécharman (trad.), Paris, Vrin, 2004, en particulier : IIe partie.
  • Lecoq (Anne-Marie) (éd.), La Querelle des Anciens et des Modernes, XVIIe-XVIIIe siècles, Paris, Gallimard, 2012 (1re éd. : 2001).
  • Locke, Traité du gouvernement civil, David Mazel (trad.), Paris, Flammarion, 1992.
  • Malebranche, De la Recherche de la vérité, livre second, seconde et troisième parties.
  • Montaigne, Les Essais, I, 11, 21, 23-24, 26 ; II, 8, 12, 17 ; III, 8, 11.
  • Rousseau :
    • Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, à lire par exemple dans : Œuvres complètes, t. III : Du Contrat social, Écrits politiques, Bernard Gagnebin et Marcel Raymond (dir.), Paris, Gallimard, 1964, p. 109-223.
    • Contrat social (à lire par exemple en OC III, op. cit. : p. 347-470) en particulier : livres I et II.
  • Spinoza : Traité théologico-politique, Fokke Akkerman (texte), Jacqueline Lagrée et Pierre-François Moreau (trad.), Paris, PUF, 2012, en particulier : « Préface », ch. V, VII, XX.

2/- Références contemporaines
  • Arendt (Hannah), « Qu’est-ce que l’autorité ? », in H. Arendt, La Crise de la Culture. Huit exercices de pensée politique, Patrick Lévy (trad.), Paris, Gallimard, 1989, p. 121-185.
  • Bourdieu (Pierre), Ce que parler veut dire. L’économie des échanges linguistiques, Paris, Fayard, 1982.
  • Rancière (Jacques), Le Maître ignorant. Cinq leçons sur l’émancipation intellectuelle, Paris, Fayard, 1987.
  • Weber (Max), Le Savant et le Politique, Julien Freund (trad.), Paris, 10/18, 2002.

Contrôles des connaissances

Crédits :
Master Histoire de la philosophie : 4 ects