Thierry Gontier, professeur de philosophie

Histoire de la philosophie moderne, philosophie politique et morale

Publié le 27 septembre 2022 Mis à jour le 3 octobre 2022
Thierry Gontier
 
Pourquoi avez-vous choisi des études de philosophie ?
Après le baccalauréat, en 1978, je me suis inscrit sans grande conviction dans une prépa HEC. Rapidement, j’ai vu que ce qui m’intéressait était la philosophie – mon professeur de philosophie de classe prépa, Sylvain Auroux (que j’ai recroisé plusieurs fois ensuite, notamment comme directeur de l’ENS de Lyon), m’a poussé dans cette direction. Contrairement à moi, ma future épouse (nous nous sommes connus jeunes) venait d’une famille de professeurs. Envisageant notre avenir, nous nous disions qu’être enseignants était une bonne idée, étant donné nos projets : être utile aux autres, être autant que possible indépendants et pouvoir organiser notre emploi du temps, se consacrer à l’étude tout au long de notre vie, être en contact avec la jeunesse, etc. Sans parler, pour la philosophie, du plaisir de lire des textes stimulants et de dialoguer avec les grands esprits du passé et du présent. Elle est devenue professeure d’histoire et géographie en collège et en lycée, moi professeur de philosophie.
 
Vous êtes devenu enseignant-chercheur. Pour quelles raisons ?
Je me voyais au départ enseignant au lycée. J’ai eu la chance d’être pris dans des bonnes classes préparatoires et d’être reçu à l’ENS de Saint-Cloud-Fontenay. Puis j’ai eu l’agrégation. Un contrat doctoral (à l’époque d’Ancien Normalien Doctorant) m’a permis de m’intégrer au monde la recherche. Après, comme l’a écrit Max Weber, dans le monde académique, le succès est dû en grande partie au hasard. Ceci dit, il a fallu être patient et enchaîner les postes précaires (ATER, détaché au CNRS, chargé de cours) — avec des périodes d’incertitude et de découragement.
 
Que diriez-vous pour motiver un futur étudiant dans cette discipline ? Quels sont, selon vous, les principaux atouts des études philosophiques ?
Tout d’abord, l’enseignement, qu’il soit en lycée ou à l’université, reste un métier formidable pour toutes les raisons évoquées plus haut, et avant tout parce que les jeunes d’aujourd’hui ont besoin, peut-être encore plus que ceux de ma génération, de trouver du sens dans leur profession.
Bien entendu, l’enseignement n’est pas le seul débouché. Savoir lire des textes difficiles, analyser les concepts, écrire et argumenter, développer un esprit critique, sont des atouts utiles dans bien des métiers, et en particulier – mais pas seulement – dans les métiers d’écriture. Pour prendre un exemple personnel, lorsque j’ai dû faire mon service militaire, on m’a proposé un poste de coopérant au service culturel du Consulat de France de Montréal. La raison qui m’a été donnée est qu’ils avaient besoin de quelqu’un qui pouvait écrire plusieurs dépêches chaque jour – après le nombre de dissertations que j’avais rédigées durant ma scolarité, ce n’était vraiment pas un problème pour moi.
Au-delà même de la profession, progresser dans la capacité d’examen critique des problèmes de société et plus généralement de l’existence, et acquérir par là une forme de liberté de pensée, reste un projet de vie fondamental.

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