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Séminaire Jeunes Chercheurs de Philosophie Argumentative | Philosophie de l’action & Métaphysique

Publié le 8 octobre 2024 Mis à jour le 8 octobre 2024

Intervention de Robin Timothée BIANCHI (Université de Neuchâtel/King’s College London) dans le cadre du séminaire Jeunes Chercheurs de Philosophie Argumentative. Rendez-vous jeudi 10 octobre 2024 à 17h.

Séance 9 : Philosophie de l’action & Métaphysique

Robin Timothée Bianchi (Université de Neuchâtel/King’s College London) :

"Que faisons-nous lorsque nous prévenons ?"


Cet article examine la place des préventions au sein de l’agir. Les préventions sont-elles des actions ? Les philosophes contemporains ont tendance à considérer les préventions comme un phénomène parasitaire sur les autres manifestations de l’agir comme les actions ou les omissions. Certains maintiennent que prévenir c’est juste faire (ou se retenir de faire) une action qui est incompatible avec l’évènement empêché (Bach 2010 ; Mossel 2009 ; Brand 1971). Il est parfois dit que les actions impliquent de la "vraie" causation, tandis que les préventions impliquent de la "quasi-causation" (Clarke 2023). D’autres traitent simplement les préventions comme des actions (von Wright 1963).

J’argumenterai qu'il faut résister à la tendance de considérer les préventions comme parasitaires aux autres manifestations de l'agir. Cette tendance est encouragée par le fait que les métaphysiciens ont tendance à être sceptiques à l'égard des préventions parce qu'elles impliquent une causalité de, et parfois par, des absences. Ils considèrent donc les préventions comme un phénomène "quasi-causal", et non comme une véritable parcelle de l'activité causale du monde.

Cependant, une fois que nous prenons en compte l'omniprésence des préventions dans l'agir et le fait que de nombreuses actions sont accomplies par des préventions, rejeter les préventions comme un phénomène quasi-causal menace de faire de l'action un phénomène quasi-causal également. En effet, de nombreuses actions (si ce n'est toutes) présupposent la production d'un changement. Mais si nous provoquons souvent un changement par la prévention, alors nous provoquons souvent un changement en faisant en sorte que des choses ne se produisent pas. Or, comment ces actions pourraient être "véritablement" causales si la production de changement qu’elles impliquent passe par de la "quasi-causation" ? Suivant ce raisonnement, certains métaphysiciens vont jusqu’à nier qu’appuyer sur la gâchette, décapiter, noyer ou étrangler quelqu’un puissent être une cause de décès parce que ceux-ci impliquent des étapes de prévention (Dowe 2001 ; Paolini Paoletti 2023 ; Beebee 2004). Ceci devrait être une conséquence inacceptable pour les théoriciens de l’action.

En réponse, je soutiendrai, contre ces métaphysiciens, que les préventions ne sont pas moins causales que les actions et qu'elles impliquent toutes deux le même type de causalité : la causalité des objets. Toutefois, les préventions ne sont pas des actions. Agir, c'est essentiellement faire en sorte qu'un objet fasse quelque chose, et prévenir, c'est essentiellement faire en sorte qu'un objet ne fasse pas quelque chose. Comme dans cette conception, la causalité est principalement une relation entre objets, elle n'implique pas que les absences sont des causes ou des effets, comme j’essaierai de le montrer.

La position qui résulte de cette défense est attrayante. Elle nous permet d'éviter à la fois de dire que certaines actions et les préventions sont quasi-causales et l'affirmation controversée selon laquelle les absences sont des causes et des effets. En prime, nous pouvons prendre au pied de la lettre l'idée de sens commun selon laquelle prévenir, c'est faire en sorte que quelque chose ne fasse pas quelque chose.

 
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