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Séminaire Jeunes Chercheurs de Philosophie Argumentative | Métaphysique

Publié le 2 novembre 2023 Mis à jour le 2 novembre 2023
J. M. E. McTaggart, par Walter Stoneman (1917)
J. M. E. McTaggart, par Walter Stoneman (1917)

Intervention de Thomas BOURDIER (Université Bordeaux Montaigne) dans le cadre du séminaire Jeunes Chercheurs de Philosophie Argumentative. Rendez-vous mardi 14 novembre à 17h.

Séance 2 : Métaphysique

Thomas Bourdier (Université Bordeaux Montaigne) : "D'une supposée contradiction dans la notion de temps : Bergson et l'argument de McTaggart"


Dans son article séminal “The Unreality of Time” (1908), John McTaggart propose un argument contre la réalité du temps. Cet argument repose sur le caractère supposément contradictoire des "propriétés-A" attachées aux événements au sein d’une série temporelle, c’est-à-dire des propriétés d’être passé, présent ou futur. En effet, ces propriétés sont par essence transitoires : chaque événement de la série est tour à tour futur, puis présent puis passé. Or chacune de ces trois propriétés est logiquement exclusive des deux autres (par exemple, la propriété d’être passé est exclusive de la propriété d’être présent ou de la propriété d’être futur). Donc il est logiquement impossible qu’un même événement instancie ces trois propriétés. De là, McTaggart conclut que le temps est impossible et donc qu’il n’existe pas. Bien que cette conclusion idéaliste soit assez peu partagée aujourd’hui, l’article de McTaggart est très important pour la métaphysique contemporaine du temps, qui est polarisée entre partisans de la "théorie-A" et partisans de la "théorie-B". La dispute repose sur le statut des propriétés-A. Les partisans de la théorie-B répondent à McTaggart en soutenant que les propriétés-A ont un sens seulement indexical ou contextuel, tandis que les partisans de la théorie-A déploient diverses stratégies pour défendre que le caractère absolu des propriétés-A n’engendre aucune contradiction.

Dans ces débats (surtout anglophones), une absence peut surprendre le philosophe de formation plus "continentale" : celle de Bergson et de sa philosophie de la durée réelle. S’il n’est pas simple de situer la pensée de Bergson dans le champ de la métaphysique contemporaine du temps, je voudrais dans cette intervention défendre qu’endosser la conception bergsonienne de l’expérience temporelle (que je juge par ailleurs exacte) permet de répondre à l’argument de McTaggart, en formulant une version originale de la théorie-A qui repose sur les deux points suivants : (i) qu’il n’y a pas d’événement futur car le futur n’existe pas ; (ii) que la propriété d’être passé et la propriété d’être présent ne s’appliquent pas (en un sens non-trivial) à la même chose. Si le premier point n’est pas original (la plupart des théoriciens-A l’admettent), le second l’est davantage. En effet, les théoriciens-A tiennent en général soit que le passé n’existe pas (on parle de présentisme), soit que c’est le même événement qui est tour à tour présent puis passé (on parle de non-futurisme ou de théorie du bloc en croissance). Dans le premier cas, il n’y a pas de contradiction puisque les seuls événements qui existent sont des événements présents. Mais, dans le second cas, il y a une contradiction au moins apparente. Le "bergsonisme" se présente alors comme une troisième voie : il admet que le passé et le présent existent, mais il considère que, en un sens non-trivial, ce ne sont pas les mêmes événements qui sont passés et présents. Plus précisément, il porte que ce n’est pas l’événement lui-même qui instancie la propriété d’être passé, mais une trace métaphysique, d’une nature sui generis, que tout événement laisse subsister derrière lui.

Dans cette communication, je voudrais présenter et défendre cette thèse. Après avoir exposé (1) l’argument de McTaggart en faveur de l’idéalité du temps et (2) les stratégies de réponse réalistes les plus classiques, je formulerai (3) la conception du temps que je lui oppose en montrant qu’elle permet de contourner cet argument. Enfin (4) je montrerai comment la description bergsonienne de l’expérience temporelle permet de crédibiliser cette conception du temps et nous donne des raisons de l’adopter.

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