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Séminaire Jeunes Chercheurs de Philosophie Argumentative | Épistémologie et philosophie des sciences

Publié le 9 janvier 2024 Mis à jour le 9 janvier 2024

Interventions de Géraldine CARRANANTE (ENS-PSL) et de Théophile RICHARD (Université Paris Cité) dans le cadre du séminaire Jeunes Chercheurs de Philosophie Argumentative. Rendez-vous mardi 9 janvier à 17h.

Séance 4 : Épistémologie et philosophie des sciences

 
Géraldine Carranante (ENS-PSL) : "Comment faire face à la pluralité des concepts en science ?"

Comment faire face à la pluralité des concepts en science ? L’histoire des sciences nous apprend qu’il arrive fréquemment qu’un champ de recherche se débatte avec plusieurs versions d’un même concept. En biologie, le concept d’espèce est l’exemple paradigmatique de ce phénomène : un même mot, originellement développé comme étant univoque, finit par provoquer une controverse concernant sa définition, produisant des classifications et des théorisations différentes, voire incompatibles. De nombreux concepts ont connu une histoire similaire. C’est le cas de "sélection naturelle" et "homologie" en biologie, d’"acide" en chimie, d’"attention" et de "perception" en sciences cognitives, pour n’en citer que quelques-uns. Identifiant un motif historique récurrent, Taylor et Vickers (2017) ont récemment théorisé ce phénomène en tant qu’étape classique de maturation d’un champ disciplinaire. La perspective prise sur ce phénomène est souvent historique, et propose une lecture à rebours des forces qui régissent la multiplication des concepts ou leur abandon.

Je propose ici de me placer du point de vue du chercheur qui identifie dans son champs d’étude une pluralité de concepts et doit y faire face concrètement. J’identifie quatre stratégies possibles :
(1) la sélection du meilleur concept ;
(2) l’unification au sein d’un nouveau concept plus large ;
(3) l’abandon du concept originel et de toutes ses versions et
(4) l’acceptation d’un pluralisme conceptuel.

Ces quatre stratégies, souvent présentées comme incompatibles épistémologiquement, ont toutes déjà été défendues comme étant seules à pouvoir garantir l’intégrité de la science. Je défends au contraire que la résolution d’une telle controverse scientifique dépend de l’usage circonstancié de ces stratégies, chacune pouvant être épistémologiquement avantageuse en fonction du contexte dans laquelle la pluralité conceptuelle apparaît.

Théophile Richard (Université Paris Cité) : "Ontologies et lois naturelles"

L’objectif de notre présentation est de nous appuyer sur l’œuvre de Jules Vuillemin afin de proposer une perspective sur les débats contemporains en philosophie des sciences. La situation philosophique de Vuillemin aujourd’hui est assez particulière : s’il a contribué, avec d’autres, à introduire la philosophie analytique en France, son propre travail n’entre que difficilement dans le cadre des débats contemporains.
Il s’agirait de présenter un aperçu de certains aspects du travail de Vuillemin sur lesquels nous voulons nous appuyer (1) avant d’appliquer sa méthode à la question de l’ontologie et des lois de la nature (2).

(1) Nous commencerons par souligner trois aspects centraux de sa pensée. Vuillemin affirme tout d’abord l’existence d’un lien essentiel entre les systèmes philosophiques et l’état des sciences (a). Des textes de De la logique à la théologie pourront ici servir d’exemple. Ensuite, de manière plus ambitieuse, ce lien qui unit la philosophie aux sciences est vital (b). Nous aimerions présenter deux arguments en faveur de cette thèse. Enfin, il existe des positions philosophiques substantielles qui persistent au long de l’histoire de la philosophie et qui réapparaissent aux différentes époques sous des aspects différents (c). Ces différentes options sont associées à différentes manières de comprendre ce que sont les lois de la nature.

(2) À partir de cette première partie, nous voudrions montrer qu’il est possible de se servir des analyses de Vuillemin pour jeter un pont entre les débats contemporains en philosophie analytique des sciences et une conception plus traditionnelle de la philosophie. Nous commencerons par repartir de l’œuvre de Quine afin de situer le cadre de la discussion (a). Il nous semble possible d’abstraire du travail de Vuillemin la thèse suivante : les questions ontologiques (celle du réalisme ou de l’anti-réalisme, par exemple) ne sont pas des problèmes philosophiques qu’il serait possible d’abstraire de l’histoire des sciences. Pour cause, les différentes manières de comprendre l’ontologie présentent des affinités avec certaines lois scientifiques qui semblent les justifier. Il est ainsi possible de défendre l’affinité du nominalisme et de certaines lois naturelles particulières. Nous illustrerons cette thèse en nous appuyant sur des exemples tirés de l’histoire de l’astronomie ancienne (b). Enfin, nous voudrions défendre que la diversité des formes des lois scientifiques que présente l’histoire des sciences, et l’interprétation qu’en ont donné certains philosophes, constitue un problème qui ne peut pas être facilement écarté par la réflexion contemporaine (c).

Nous conclurons en essayant de montrer qu’une telle méthode, qui allie histoire des sciences et histoire de la philosophie, peut permettre d’établir un dialogue fécond entre les débats contemporains et les questions, modes de raisonnement, qui ont traditionnellement été ceux de la philosophie.


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