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MORETTI Ilaria

La page est un miroir. La construction d’une identité littéraire à travers l’étude métabiographique des personnages féminins d’Elena Ferrante.

Publié le 18 février 2021 Mis à jour le 3 mars 2021

Thèse en Philosophie, soutenue le 20 novembre 2020.

Cette étude naît de la volonté de répondre à un simple questionnement : est-il possible de reconstruire l’identité littéraire d’un auteur qui choisit délibérément de se cacher au grand public ?
Ce concept d’identité littéraire paraît s’inscrire dans une théorisation métabiographique présentant un texte à la fois récit personnel, autofiction et compte rendu littéraire. Notre idée serait de pouvoir examiner comment Elena Ferrante, auteure absente, a pu, grâce à la création de ses protagonistes féminines, réfléchir à son rapport avec autrui, l’écriture, le corps interprété dans son acception féministe, ou avec les villes conçues comme des dramatis personae. Dans sa littérature, Ferrante met en place une véritable réflexion sur l’identité : la sienne d’auteure cachée ainsi que celle de ses personnages. Ses œuvres montrent des femmes déstructurées par le sentiment de perte, puis broyées par le démantibulement de leur subjectivité et enfin reconstituées dans la page d’écriture. Ainsi, l’effacement de Ferrante ne serait qu’un stratagème révélateur d’une éthique de l’écriture qui viserait à la construction d’un « être de mots » n’existant qu’à travers son identité de papier. Ces identités s’inscrivent d’ailleurs dans la mouvance d’une « philosophie de la narration » s’inspirant aux théories d’Adriana Cavarero et d’Hannah Arendt. En effet, ce n’est qu’en racontant le vécu d’autrui que l’auteure, ainsi que ses protagonistes-narratrices, parviennent à construire leur propre individualité. Cette relation en miroir montre comment l’écriture se fait moteur identitaire en permettant aux individus de se comprendre en tant que subjectivités pensantes, relationnelles et uniques.

Mots-clés : Elena Ferrante, Effacement, Métabiographie, Philosophie de la narration, Littérature Italienne Contemporaine, Féminisme, Psychanalyse, Écriture, Naples.

This dissertation originates from the desire to answer a simple question : is it possible to reconstruct the literary identity of an author who deliberately chooses to hide from the general public ?
The concept of literary identity seems to inscribe itself in the metabiographical theorization which deals with the study of a text that is, at the same time, personal narrative, autofiction and literary criticism. The underpinning idea is to examine how Elena Ferrante – the absent author – is able, through the creation of her female characters, to reflect on her relationships with the Other, the act of writing, the body considered in its feminist meaning, and cities understood as dramatis personae. In her literature, Ferrante builds an authentic reflection on identity: her own as a hidden author, as well as those of her characters. Her works showcase women destructured by the sense of loss, shattered by the disruption of their subjectivity (squadernamento in Italian) and finally rebuilt on the page. Thus, Ferrante’s erasure would be nothing but a stratagem designed to reveal an ethic of writing aimed at creating a “word-character” that exists only through its identity made of paper. Moreover, these identities themselves fall under a “philosophy of storytelling” inspired by Adriana Cavarero and Hannah Arendt’s theories. As a matter of fact, it is only by telling the life of the female Other that the author and her protagonists-narrators can build their own individuality. This mirror relationship shows how writing is a creator of identity, which allows these individuals to conceive themselves as thinking, relational and unique subjectivities.

Keywords :  Elena Ferrante, Erasure, Metabiography, Philosophy of storytelling, Contemporary Italian Literature, Feminism, Psychoanalysis, Writing, Naples.

Directeur(trice) de thèse : Pierre GIRARD

Membres du jury :
M. Pierre GIRARD, Directeur de thèse, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3,
Mme Perle ABBRUGIATI, Rapporteur, Professeur des universités, Aix-Marseille Université,
M. Nicolas BONNET, Rapporteur, Professeur des universités, Université de Bourgogne,
M. Jean-François LATTARICO, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3,
Mme Céline FRIGAU, Professeure des universités, Université Jean Moulin Lyon 3,
M. Giancarlo ALFANO, Professeur des universités, Université de Naples Frédérico II.

Président(e) du jury : Nicolas BONNET