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Journée d'étude | Rousseau et l’environnement
Journée d’étude organisée jeudi 28 mars par Louis GUERPILLON et Johanna LENNE-CORNUEZ (Université Lyon 3/IRPhiL), avec le soutien de l'Institut de recherches philosophiques de Lyon (IRPhiL).
La place de la nature dans l’œuvre de Rousseau n’est plus à établir, et il est certain qu’elle contribue à définir la manière originale dont cette œuvre s’inscrit au sein du dix-huitième siècle. Mais de manière paradoxale, parmi toutes les figures qu’elle emprunte dans son œuvre, celle de l’environnement a été relativement peu étudiée.
Pourtant, d’un bout à l’autre de l’œuvre de Rousseau, au moins depuis le second Discours, la formation de soi ne renvoie pas seulement à la nature intérieure, aux possibilités inhérentes à la nature humaine ; elle fait intervenir de manière essentielle la nature au-dehors. En retour, celle-ci n’est pas simplement envisagée comme ce qui est extérieur, ni même comme une objectivité face à laquelle nous serions placés, en sorte qu’elle serait exposée à notre action ou que nous serions exposés à la sienne. Bien plutôt, cette extériorité est constitutive de ce que nous sommes.
Il s’agit en effet d’une nature qu’on habite, c’est-à-dire qui n’est pas un objet manipulable, mais ce au sein de quoi et par quoi le sujet advient à ses possibilités concrètes, en s’y déplaçant ou en s’y investissant sur le plan affectif. Sous cet aspect, la nature rousseauiste mérite de plein droit le titre d’environnement.
L’homme n’est ce qu’il est que par la place qu’il occupe, et c’est ce qui fait de l’environnement un concept fécond. On comprend pourquoi l'anthropologie de Rousseau n’a pas le sens d’un humanisme qui déprécierait les autres formes d’affirmation de la vie. Aussi l’environnement n’est-il pas seulement pour Rousseau une donnée à entériner ; plus encore s’agit-il de réfléchir aux règles éthiques par lesquelles nous devons nous y rapporter.
Plusieurs des préoccupations caractéristiques de la philosophie de l’environnement contemporaine peuvent trouver dans les textes de Rousseau un terrain fécond, où d’ailleurs elles ont parfois su reconnaître l’élaboration de problématiques qui leur sont propres.
Outre une attention à la manière dont les exigences internes à la pensée de Rousseau sollicitent la formation d’un concept d’environnement, cette journée sera ainsi l’occasion de donner une visibilité à des usages de motifs ou de textes rousseauistes par des philosophies de l’environnement et de l’écologie ultérieures, voire de contribuer à installer un dialogue qui soit est demeuré implicite soit n’a pas eu lieu, dans certains cas où il paraît particulièrement éclairant, comme chez Thoreau, Callicott ou Plumwood par exemple.
Programme de la journée
- 8h30 : Accueil des participants
- 9h - 10h : Catherine LARRÈRE, Professeure émérite (Paris 1 Panthéon-Sorbonne, PHICO)
"La nature dont parle Rousseau a-t-elle quelque chose à voir avec ce que nous nommons aujourd’hui environnement ?"
- 10h - 11h : Pierre CRÉTOIS, Maître de Conférences (Bordeaux Montaigne, SPH)
"L’environnement comme contexte ou l’environnement comme fin, réflexion sur la place de l’environnement dans la philosophie politique et morale de Rousseau"
- Pause
- 11h15 - 12h15 : Louis GUERPILLON, Post-doctorant (Université Jean Moulin Lyon 3, IRPhiL)
"Rousseau et la terre"
- Déjeuner
- 14h15 - 15h15 : Paloma MANSILLA-MARTIN, Enseignante (Lycée Michelet d’Arpajon)
"Un héritage états-unien de Rousseau : Dewey, Thoreau, Rousseau : la nature pour guide"
- 15h15 - 16h15 : Johanna LENNE-CORNUEZ, Maîtresse de Conférences (Université Jean Moulin Lyon 3, IRPhiL)
"Simplicité, frugalité, sobriété. Rousseau et la limite de nos besoins"
Informations
Salle de la Rotonde
18 rue Chevreul
69007 Lyon