• Recherche,
  • Philosophie,

FERRARI Emiliano

La diversité de nos passions ! Corps, âmes et sagesse dans les Essais de Montaigne

Publié le 19 septembre 2011 Mis à jour le 29 novembre 2011

Thèse en Philosophie - Etude des systèmes soutenue le 28 juin 2011 En Cotutelle avec l'Università degli Studi, Milano

La considération des passions dans les Essais met au jour un phénomène complexe et transversal, où se manifeste le grand présupposé de l’anthropologie de Montaigne : l’homme est une unité indivisible de corps et d’âme. Comme l’homme, les passions sont des phénomènes mixtes qui ont une double étiologie : elle peuvent naître dans le corps ou dans l’âme. Par sa propre constitution, l’homme est donc naturellement sujet à un « nombre infiny des passions », et la sagesse des Essais n’est que la capacité de gouverner et modérer les forces passionnelles pour réaliser la perfection humaine qui seule soit possible : savoir « jouyr » de son propre être singulier. L’éthique demandera ainsi une connaissance préalable des limites et des pouvoirs physiologiques et psychologiques qui sont propres à l’homme, car la sagesse doit être efficace et réellement utile. La connaissance du corps conduira à une critique de l’hylémorphisme psychologique et à l’affirmation de l’indépendance des dynamiques corporelles : l’expérience des actes involontaires, l’affectivité organique, les passions sensibles se développent sans aucune référence animique mais, au contraire, ils affectent profondément l’âme. La connaissance psychologique, quant à elle, cherchera à saisir, par l’introspection directe, les dynamiques qui constituent les passions de l’âme. Cette connaissance permettra à l’âme de découvrir son propre pouvoir d’engendrer des passions, ce qui lui permettra de gérer les conflits et les tensions entre les passions par le moyen d’autres passions. Se dessine ainsi, dans le livre III des Essais, une discipline de l’âme qui est une gestion de ses propres mouvements passionnels mais aussi des passions corporelles : l’âme doit en fait pratiquer un constant retour à son corps, et par cela intensifier l’unité psychosomatique. C’est dans cette unité, toujours à rétablir, que l’homme a accès à la jouissance de son être et à la perfection morale.

The study of the emotions in the Essais of Montaigne shows a complex phenomenon, which demonstrate the great assumption of the Montaigne’s anthropology: man is an undividable unity of body and soul. Like human being, the emotion is a mixture experience that has a double aetiology: it raise in the body and in the soul. For his particular constitution, man is naturally subject to « nombre infiny des passions », and the wisdom of the Essais is nothing else that the ability of governing and harmonising the emotional forces, for realise the only human possible perfection: enjoy the proper life in his immanent singularity (sçavoir jouyr loiallement de son estre). For that goal, the moral philosophy needs to know the real physiological and psychological powers and limits of human being, because wisdom must be useful et practicable. The knowing of the body in the Essais will lead to a deconstruction of the hylomorphic psychology and to the affirmation of the independence and autonomy of the body’s dynamism: the experience of the involuntary actions and sensible emotions arise without any reference to the aristotelic psyché, and the soul fell this events as affections. On the other side, the psychological knowledge tries to understand, b the introspection, the psychological acts (linked to imagination and judgement) that constitutes the emotions of the soul. By that understanding, the soul discover his power of arising the emotions, that witch give him the concrete possibility of manage the conflicts and the tensions between passions, using the power of other different passions. This process, in the third book of the Essais, sketch a real discipline of the soul that is an administration of the soul’s emotions («passions de l’ âme») and of the body’s emotions («passions corporelles»): the soul has to rest in connection with his body, and in doing so it can intensify the psychosomatic unity. It is in that unity, constantly reaffirmed, that man has access to the enjoyment of his proper being and to the moral perfection.

Mots-clefs : Montaigne ; passions ; physiologie ; involontaire ; psychologie ; stoïcisme ; morale ; inquiétude ; désir ; sagesse.

Key words : Montaigne ; emotions ; physiology ; involuntary ; psychology ; stoicism ; ethics ; uneasiness ; desire ; wisdom. 


Directeurs de thèse : Thierry GONTIER
                                    Gianfranco MORMINO

Membres du jury :
Philippe DESAN, Professeur, University of Chicago, Paris
Nicola PANICHI, Professeur, Università degli studi di Urbino "Carlo Bo" Italie
Thierry GONTIER, Professeur, Université Jean Moulin Lyon 3
Gianfranco MORMINO, Professeur, Università degli studi di milano

Mention : Très honorable avec les félicitations du jury

Equipe d'accueil : Institut de Recherches Philosphiques de Lyon