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Eric Voegelin. Symboles du politique
Thierry Gontier
Voegelin s'oppose à toutes les formes de mutilation, de réduction ou de déformation de cette expérience existentielle de l'homme. Il s'oppose ainsi à la « théorie pure du droit » de son ancien maître Hans Kelsen, lui reprochant de constituer les normes juridiques en un système clos et auto-fondé, coupé de l'ordre de l'existence. Il s'oppose surtout à la dérive totalitaire des sociétés modernes, en caractérisant les totalitarismes comme des religions intra-mondaines, qui ont confisqué pour elles-mêmes la dimension existentielle du sacré. De cette perversion spirituelle, Voegelin a tenté de fournir une étiologie, dans une philosophie de l'histoire qui s'écarte des schémas traditionnels de la sécularisation. Il réinterprète ainsi la catégorie, déjà présente chez Jacob Taubes et Karl Löwith, de gnosticisme, qui désigne chez lui un acte de révolte de l'ego contre l'expérience du sacré, conduisant à la recherche d'un accomplissement de la tension de l'existence à l'intérieur de l'histoire.
Ce processus destructeur de la modernité n'est cependant pas une fatalité. Les institutions américaines, en particulier, attestent, par leur attachement à la division des pouvoirs et à la tolérance religieuse, une conception « finitiste » de la souveraineté politique. Ce que Voegelin défend est ainsi la finitude d'un politique qui fait une place à l'inquiétude fondamentale de l'homme devant la possibilité d'un au-delà de l'humain.
Thierry GONTIER est Professeur de philosophie morale et politique à l'Université Jean Moulin Lyon 3 et membre de l'Institut de recherches philosophiques de Lyon.
Éditions Michalon, coll. "Le Bien commun", octobre 2008, 123 pages.
ISBN : 978-2-84186-467-6 - Prix : 10 €