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DELEAN Guillaume
Ethique et mathesis : la question du salut sous le règne de la mathesis universalis. De Descartes à Spinoza, les coordonnées cachées de la modernité.
Publié le 21 juin 2023 – Mis à jour le 9 février 2024
Thèse en Philosophie, soutenue le 21 juin 2023.
La mathesis universalis occupe une place singulière dans le développement du cartésianisme et, à travers lui, dans le mouvement des idées modernes, notamment grâce à sa réception heideggérienne, qui a contribué à lui conférer un rôle central dans la constitution du projet métaphysique et à y discerner la racine conjointe de la science et de la technique. Il est néanmoins nécessaire, au-delà de cette approche générique « monumentale », selon le mot de D. Rabouin, d’en circonscrire l’identité conceptuelle et, en évitant les écueils qui entourent sa réception, d’identifier les choix fondateurs présidant à la radicalité de cette entreprise. En retraçant le parcours qui conduit Descartes de la sortie de La Flèche aux années 1628-1629 et à la rédaction des Regulae ad directionem ingenii, nous montrons que la mathesis est d’abord une pratique engageant l’imagination ouvrant à une ontologie inédite que nous identifions à une forme d’anarchisme mathésique. Le recouvrement, voire le refoulement, de cette disposition dès 1630, avec la théorie des vérités éternelles, puis dans le Discours de la méthode, avec l’introduction de la figure du doute fondationnel, conduit Descartes à échouer dans son projet de penser une véritable éthique mathésique et engage la modernité dans la voie de la volonté de puissance, voire de la volonté de volonté avec les apories du nihilisme qui s’y associent. L’effort de Spinoza se présente alors comme une tentative conséquente de résoudre les tensions nées d’une telle disposition du savoir et un engagement total dans ses conséquences ontologiques, anthropologiques, logiques et épistémologiques, en vue de penser une éthique pour les temps mathésiques. Ce parcours des Regulae ad directionem ingenii à l’Ethique nous permet ainsi de situer le cartésianisme de Spinoza comme l’exploration d’un impensé de Descartes et d’ouvrir à une compréhension de l’Ethique comme vérité de la Mathesis Universalis.
Mots-clés : Descartes, Spinoza, Mathesis Universalis, Ethique, Heidegger, Modernité, Philosophie moderne, ingenium, raison, rationalité, connaissance, imagination, métaphysique, ontologie.
The mathesis universalis occupies a unique place in the development of Cartesianism and, through it, in the movement of modern ideas, notably thanks to its Heideggerian reception, which contributed to conferring a central role on it in the constitution of the metaphysical project and to discern the joint root of science and technology. However, beyond this generic "monumental" approach, as D. Rabouin put it, it is necessary to circumscribe its conceptual identity and, while avoiding the pitfalls that surround its reception, to identify the founding choices that preside over the radicality of this enterprise. By retracing the path that leads Descartes from the departure from La Flèche to the years 1628-1629 and the writing of the Regulae ad directionem ingenii, we show that mathesis is first and foremost a practice that engages the imagination, opening up to a novel ontology that we identify with a form of mathesis anarchism. The recovery, even the repression, of this disposition from 1630 onwards, with the theory of eternal truths, and then in the Discourse on Method, with the introduction of the foundational doubt figure, leads Descartes to fail in his project to think a genuine mathetic ethics and engages modernity in the path of the will to power, even the will to will, with the aporias of nihilism associated with it. Spinoza's effort then appears as a consistent attempt to resolve the tensions arising from such a disposition of knowledge and a total commitment to its ontological, anthropological, logical, and epistemological consequences, with a view to thinking an ethics for mathetic times. This journey from the Regulae ad directionem ingenii to the Ethics allows us to situate Spinoza's Cartesianism as the exploration of an unthought of Descartes and to open up to an understanding of the Ethics as the truth of the Mathesis Universalis.
Keywords : Descartes, Spinoza, Mathesis Universalis, Ethics, Heidegger, Modernity, Modern Philosophy, Ingenium, Reason, rationality, knowledge, imagination, metaphysics, ontology.
Directeur de thèse : Bruno PINCHARD
Membres du jury :
- M. PINCHARD Bruno, Directeur de thèse, Professeur des universités émérite, Université Jean Moulin Lyon 3,
- M. RABOUIN David, Rapporteur, Directeur de recherche, CNRS, Paris,
- Mme ROUX Sophie, Rapporteure, Professeure des Universités, Ecole Normale Supérieure, Paris,
- M. MOREAU Pierre François, Professeur des universités, Ecole Normale Supérieure, Lyon,
- M. OTTAVIANI Didier, Maître de conférence habilité à diriger des recherches, Ecole Normale Supérieure, Lyon,
- Mme ROUX Alexandra, Maître de conférence habilitée à diriger des recherches, Université de Poitiers.
Président du jury : Pierre François MOREAU
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Mise à jour : 9 février 2024