Sébastien Roman (Académie de Lyon/ENS Lyon) est spécialiste de philosophie politique. Il a notamment publié Nous, Machiavel et la démocratie (Paris, Éditions du CNRS, 2017).
 

Présentation de la conférence

L’importance du paraître en politique chez Machiavel est un lieu commun. Tout lecteur du Prince, aussi distrait soit-il, comprend qu’il est question d’un paraître dans l’art de gouverner. La chose est facile à noter. Mais, justement, parce que la chose est évidente, et que tout le monde s’accorde pour le dire, le risque est de s’en tenir à quelque chose de grossier. Par exemple, une lecture simpliste des textes machiavéliens a été favorisée par le machiavélisme : dans la logique de justifier le maintien au pouvoir à n’importe quel prix, y compris celui de la tyrannie, Machiavel inviterait le prince à abuser du jugement des hommes sur l’apparence pour les manipuler dans ses propres intérêts. L’art de gouverner reviendrait à un art de la tromperie.

Il s’agira de démontrer l’erreur d’une telle lecture en étudiant de manière précise dans la pensée machiavélienne le rapport entre l’être et le paraître, entre l’imagination et la réalité. Ce n’est pas le prince ou l’homme politique, quel qu’il soit (un sénateur, un consul, un tribun de la plèbe dans une république par exemple), qui décide d’introduire du paraître en politique. Le paraître est une nécessité au nom de la « vérité effective ». Mais cette nécessité ne justifie pas toutes les pratiques ni toutes les croyances, et dans la logique du bien commun, il est indispensable de comprendre comment Machiavel en définit un usage intelligent. Dans quelles conditions la nécessité du paraître en politique est-elle vertueuse ? Quelle est l’excellence de la virtù dans ce cas ? Et comment comprendre, par cette étude, que la politique est un art pour Machiavel ?
 

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