La section académique de l'APPEP organise pour l'année scolaire un cycle de conférences sous forme de visioconférences visant à promouvoir la recherche étudiante auprès de ses adhérents.

L'ambition de l'APPEP est de donner aux travaux des étudiants une publicité auprès des professeurs de lycée et de classes préparatoire afin que ceux-ci aient une meilleure représentation des sujets qui intéressent les étudiants de philosophie. Il s'agit également de susciter des échanges autour du programme de philosophie des classes de Terminale ou du programme de la spécialité Humanités : littérature et philosophie de Première et Terminale.

La première intervention sera menée par Jessie Bourgeois, étudiante à la Faculté de philosophie de l'Université Jean Moulin. Son travail de recherche, portant sur la notion au programme de la voie générale du temps, a été mené sous la direction de Sacha Loeve, Maître de Conférences au sein de la faculté :

"Une philosophie processuelle du temps avec Simondon"

Présentation du mémoire de J. Bourgeois :

Depuis le début du XXe siècle, notamment depuis les travaux d’Einstein sur la relativité restreinte puis générale, une question se fait de plus en plus prégnante dans les sciences physiques : et si le temps n’existait pas ? Pour Einstein lui-même et de nombreux prédécesseurs, la relativisation du temps mène à sa déréalisation : il n’y a plus réellement de temps qui passe, mais un univers statique, donné en bloc, où tous les temps existent ensemble. Einstein en vient même à écrire, dans une lettre de condoléances pour la famille de son ami disparu, “pour nous, physiciens dans l’âme, cette séparation entre passé, présent et avenir ne garde que la valeur d’une illusion, si tenace soit-elle”. La théorie de la gravitation quantique, champ de recherches aujourd’hui important parmi les tentatives de réconciliation de la relativité générale et de la mécanique quantique, pourrait à son tour pointer vers une absence de temps, et cela de manière plus radicale encore : il n’y aurait plus besoin d’une variable temps, même relative à un référentiel, pour penser le changement des phénomènes. Le temps n’existerait tout simplement pas et se réduirait non plus à une illusion de notre conscience, mais à une variable commode à notre échelle terrestre, dont on pourrait désormais se passer.

À partir de là, que faire, en tant que philosophe ? C’est la question qui oriente mes recherches. Loin de me résoudre à ce que les physiciens affirment être les conséquences ontologiques de leurs travaux et théories, ainsi qu’au primat des discours scientifiques sur les autres discours pour parler de notre monde, il me fallait alors montrer que si on ne trouve plus le temps nulle part, c’est qu’il y a un problème au sein même du concept de temps. S’abstrayant de plus en plus au cours des siècles de la réalité dont il est dérivé à l’origine, il ne parvient plus à la retrouver.

Mon travail a donc consisté, une fois reconstruite l’histoire de ce concept à partir du dualisme de l’être et du devenir - dualisme dont la critique est au cœur des philosophies du processus, à le repenser pour qu’il retrouve sa consistance, en tenant ensemble ce qui a été originellement séparé : le changement et sa structure. Simondon, dans sa thèse principale "L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information", nous donne les ressources pour y parvenir, et c’est ce que je tâcherai de défendre lors de mon exposé.

Programme de la rencontre :

La soirée sera divisée en deux temps :

• Présentation du propos d'une durée de 45 minutes environ
• Temps d'échanges et de questions d'une durée similaire