17250055 - Histoire et philosophie de la logique

Niveau de diplôme
Crédits ECTS 4
Volume horaire total 2E+1
Volume horaire CM 20

Responsables

Contenu

Master 1 - Semestre 1 - Année universitaire 2023-24

Enseignant : Jean-Baptiste JOINET

Thème du cours : Le pluralisme logique

Présentation du cours :
Longtemps considérée comme essentiellement une, au long de l'histoire de la philosophie, la logique est aujourd’hui communément déclinée au pluriel. Au fil du XXe, puis du XXIe siècle, ce pluriel est même devenu foison, comme l'attestent la profusion et la diversité des adjectifs venant aujourd'hui qualifier le substantif logique : logique classique, intuitionniste, modale, temporelle, déontique, épistémique, multi-valuée, paraconsistante, non-monotone, pertinente, floue, libre, linéaire, non commutative, quantique, etc. Qui plus est, dans les faits, telle ou telle de ces épithètes accolées au mot logique vient souvent désigner non pas une logique, mais un genre de logique, genre qui se décline lui-même souvent en une multitude de “systèmes logiques”.

Pour l’essentiel, cette pluralité vient subdiviser le champ général de la logique formelle, même si historiquement parlant, la toute première déclinaison plurielle du mot logique trouve sans doute sa place dans le projet kantien de compléter la logique formelle par une logique transcendantale.

Toute séduisante que soit la tonalité “libertaire” afférente à l'idée de pluralisme logique et de logique hétérodoxe, en tant qu’elles viennent s’opposer à une vision monolithique, dogmatique et en somme absolutiste de la logique (la logique peu ou prou conçue comme “police universelle de la pensée correcte”) qui, dans la première moitié du XXe siècle, a pu animer le positivisme logique, le pléthorisme logique contemporain invite à entamer – ou à reprendre à la source – une réflexion philosophique sur les fondements ou les racines de la logique. Après tout, décomposée par le kaléidoscope des innombrables “systèmes formels”, la logique, en pleine déréliction, n'aurait-elle pas purement et simplement perdu de vue sa question ?

Face à ce constat, le cours abordera d’une part quelques approches classiques de cette thématique et des questions philosophiques qu’elle inspire. Si la logique est plurielle, à quel niveau de “granularité ” ce pluriel intervient-il ? Au niveau de l’individu (à chacun sa logique) ? Au niveau des praxis socio-linguistiques (à chaque communauté sa logique) ? Au niveau des langues elles-mêmes (une langue, une logique) ? La pluralité logique dépend-elle plutôt de l’objet du discours rationnel (à chaque science sa propre logique, ses propres modes de raisonnement) ?

Le cours se concentrera d’autre part sur la dimension proprement épistémologique du pluralisme logique, autrement dit son impact sur la question scientifique et sur la rationalité. S’il y a plusieurs logiques, n’y a-t-il pas plusieurs mathématiques ? Et si l’unité de la mathématique est brisée, le pluralisme induit ne se prolonge-t-il pas dans la rationalité scientifique elle-même et l’ensemble des disciplines scientifiques ? Enfin, étant donné les liens étroits entre logique et sémantique, le pluralisme logique n’induit-il pas un pluralisme sémantique ; mais si des interlocuteurs rationnels doués de logiques distinctes n’accordent pas le même sens à des mots, comment peuvent-ils se comprendre ? (W.V.O. Quine).

Le cours proposera enfin une réflexion plus fondamentale et critique autour du pluralisme logique abordant notamment des questions comme : Qu’est-ce qu'une logique ? Quels sont les critères de la “logicité ” (tout système formel mérite-t-il d'être qualifié de “logique”) ? Peut-on rapporter la logicité à une “origine”: Linguistique ? Empirique ? Pragmatique ? Cognitive ? Biologique ? Évolutive ? Physique ? Computationnelle ? Quelle unité dès lors, pour la logique, au delà de cette diversité (“oecuménisme logique”) et quelle place singulière accorder à la “logique classique” dans cette pluralité ?

Outre les principales approches philosophiques de ces questions (à commencer par la réflexion aristotélicienne sur le statut principiel du principe de contradiction ou celui du tiers-exclu – aujourd’hui considérés comme des principes de la logique classique), le cours accordera une attention particulière aux réponses apportées à partir des années 1980 à la question de la justification de la logique par la Théorie de la démonstration (née au début du XXe siècle – Peano, Hilbert, Gentzen) dans son dialogue avec la théorie des processus computationnels (l’Informatique théorique) dans le prolongement du courant intuitioniste et constructiviste en philosophie de la logique (H. Poincaré , L. Brouwer, A. Church, M. Dummett, D. Prawitz, W. Tait, P. Martin-Löf, G. Kreisel, JY. Girard) et du courant pragmatiste et inférentialiste en philosophie du langage (R. Brandom).

Bibliographie

Éléments de bibliographie (assez généralistes) :
Un recueil de divers textes (extraits) sera communiqué en cours (via la plateforme Moodle).
  • Robert Blanché et Jacques Dubucs, La logique et son histoire, Paris, Armand Colin, coll. U, 1996 (édition revue et augmentée de Robert Blanché, La logique et son histoire – d’Aristote à Russell, Armand Colin, coll. U, 1970)
  • Intuitionisme [sic] et théorie de la démonstration, Textes réunis et commentés par Jean Largeault, collection “Mathesis”, Vrin, 1992, Paris (notamment textes de Brouwer, p.15 : “Qu’on ne peut pas se fier aux principes logiques”; p.39: “Intuitionisme et Formalisme”)
  • Jean Largeault, L’intuitionisme [sic], coll. Que sais-je ?, PUF, 1992
  • Philosophie de la logique. Conséquence, preuve et vérité, Textes réunis par D. Bonnay et M. Cozic, collection “Textes clés”, Vrin, 1992, Paris (recueil de textes)
  • Dov Gabbay, John Woods (eds.), Handbook of the History of Logic, Amsterdam, Elsevier, 2004 et autres années (10 volumes).

Contrôles des connaissances

Contrôle continu.

Crédits (ECTS) :
Master Histoire de la philosophie : 4
Master Philosophie : 4

Formations dont fait partie ce cours