17240060 - Philosophie morale et éthique appliquée
Niveau de diplôme | |
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Volume horaire total | 24 |
Volume horaire CM | 24 |
Responsables
Contenu
Master 1 - Semestre 2 - Année universitaire 2024-25
Enseignante : Elodie BOISSARD
Titre du cours : La normativité des émotions
Présentation du cours :
Loin de nous détourner de la morale et de nous faire agir contre elle, les émotions ne sont-elles pas souvent le ressort de nos conduites morales, à la fois par un rôle d’information et par un rôle motivationnel à l’égard de ce qui est moralement requis ? Par leur dimension évaluative, elles nous renseignent sur les propriétés axiologiques de leurs objets, amenant à former des jugements évaluatifs relatifs à ces propriétés : la philosophie contemporaine des émotions associe généralement chaque type d’émotion à un type de propriété axiologique ou valeur, par exemple la peur au danger, ou la culpabilité à la faute. Les émotions morales comme la culpabilité, le remords ou le ressentiment, mais aussi certaines formes de honte, de joie ou d’admiration, sont alors celles qui ciblent plus spécifiquement des valeurs morales, amenant à former des jugements moraux. De plus, les émotions sont des états affectifs avec une dimension motivationnelle, chaque émotion étant associée à un programme d’action auquel elle prépare, et qu’elle justifie en lien avec sa dimension évaluative. Les émotions morales peuvent ainsi préparer à des conduites favorables au respect de la morale et les justifier au regard de celle-ci, comme s’abstenir d’une faute ou œuvrer à son rachat dans le cas de la culpabilité. Tout cela suggère une normativité des émotions, qui s’étend d’ailleurs au-delà du domaine moral puisque les émotions peuvent cibler des valeurs ou propriétés axiologiques non morales, en motivant et justifiant des conduites adaptées à celles-ci. Pour autant, il arrive aussi que nos émotions nous portent à agir de façon inadaptée, en enfreignant la morale ou d’autres standards d’évaluation de nos conduites. Cela peut alors résulter du fait qu’elles évaluent incorrectement leurs objets ou bien du fait qu’elles ne parviennent à motiver ou justifier une conduite adaptée envers ces objets.
Quelles sont donc les conditions garantissant la normativité des émotions ? À première vue il faut d’une part que les émotions évaluent correctement leurs objets et d’autre part qu’elles puissent justifier les jugements évaluatifs qu’elles entraînent et les conduites qu’elles motivent. Cela signifie que certains standards ou critères doivent être remplis par les émotions pour qu’elles répondent correctement à certaines raisons et transmettent cette rationalité aux jugements et actions qu’elles causent. De plus, envisager les émotions comme un ressort de la conduite conforme à la morale suggère que celle-ci serait affaire de promotion du Bien moral conçu comme pluralité de valeurs. Le cours explorera la façon dont les différentes théories contemporaines des émotions établissent des conditions de correction et de justification des émotions ainsi que de la connaissance axiologique et des conduites qui en découlent. Abordant les émotions comme un thème de la philosophie morale, il exposera leur contribution à la morale dans le cadre du sentimentalisme en ontologie et épistémologie des valeurs, et du conséquentialisme en éthique.
Enseignante : Elodie BOISSARD
Titre du cours : La normativité des émotions
Présentation du cours :
Loin de nous détourner de la morale et de nous faire agir contre elle, les émotions ne sont-elles pas souvent le ressort de nos conduites morales, à la fois par un rôle d’information et par un rôle motivationnel à l’égard de ce qui est moralement requis ? Par leur dimension évaluative, elles nous renseignent sur les propriétés axiologiques de leurs objets, amenant à former des jugements évaluatifs relatifs à ces propriétés : la philosophie contemporaine des émotions associe généralement chaque type d’émotion à un type de propriété axiologique ou valeur, par exemple la peur au danger, ou la culpabilité à la faute. Les émotions morales comme la culpabilité, le remords ou le ressentiment, mais aussi certaines formes de honte, de joie ou d’admiration, sont alors celles qui ciblent plus spécifiquement des valeurs morales, amenant à former des jugements moraux. De plus, les émotions sont des états affectifs avec une dimension motivationnelle, chaque émotion étant associée à un programme d’action auquel elle prépare, et qu’elle justifie en lien avec sa dimension évaluative. Les émotions morales peuvent ainsi préparer à des conduites favorables au respect de la morale et les justifier au regard de celle-ci, comme s’abstenir d’une faute ou œuvrer à son rachat dans le cas de la culpabilité. Tout cela suggère une normativité des émotions, qui s’étend d’ailleurs au-delà du domaine moral puisque les émotions peuvent cibler des valeurs ou propriétés axiologiques non morales, en motivant et justifiant des conduites adaptées à celles-ci. Pour autant, il arrive aussi que nos émotions nous portent à agir de façon inadaptée, en enfreignant la morale ou d’autres standards d’évaluation de nos conduites. Cela peut alors résulter du fait qu’elles évaluent incorrectement leurs objets ou bien du fait qu’elles ne parviennent à motiver ou justifier une conduite adaptée envers ces objets.
Quelles sont donc les conditions garantissant la normativité des émotions ? À première vue il faut d’une part que les émotions évaluent correctement leurs objets et d’autre part qu’elles puissent justifier les jugements évaluatifs qu’elles entraînent et les conduites qu’elles motivent. Cela signifie que certains standards ou critères doivent être remplis par les émotions pour qu’elles répondent correctement à certaines raisons et transmettent cette rationalité aux jugements et actions qu’elles causent. De plus, envisager les émotions comme un ressort de la conduite conforme à la morale suggère que celle-ci serait affaire de promotion du Bien moral conçu comme pluralité de valeurs. Le cours explorera la façon dont les différentes théories contemporaines des émotions établissent des conditions de correction et de justification des émotions ainsi que de la connaissance axiologique et des conduites qui en découlent. Abordant les émotions comme un thème de la philosophie morale, il exposera leur contribution à la morale dans le cadre du sentimentalisme en ontologie et épistémologie des valeurs, et du conséquentialisme en éthique.
Bibliographie
Bibliographie provisoire :
- J. Deonna et F. Teroni, The Emotions: a philosophical introduction, Routledge, 2012
- S. Lepine, La nature des émotions, une introduction partisane, Vrin, 2023
- P. E. Griffiths, What emotions really are: the problem of psychological categories, University of Chicago Press, 1997
- R. C. Solomon, The Passions: Emotions and the Meaning of life, Anchor Press, 1976
- J. J. Prinz, Gut reactions: A perceptual theory of emotion, Oxford University Press, 2004
- C. Tappolet, Emotions et valeurs, PUF, 2000
- C. Tappolet, Emotions, values and agency, Oxford University Press, 2016
- P. Goldie, The Emotions: A philosophical exploration, Oxford University Press, 2000
- M. Nussbaum, Upheavals of thought ; The intelligence of emotions, Cambridge University Press, 2003
- R. Roberts, The Emotions: An Essay in aid of moral psychology, Cambridge University Press, 2003
- R. de Sousa, The rationality of emotions, MIT Press, 1990
- J. Deonna, R. Rodogno, et F. Teroni, In Defense of shame: The Faces of an Emotion, Oxford University Press, 2012
- P. F. Strawson, Freedom and Resentment, London: Methuen, 1974
- Ogien R. et Tappolet C., Les concepts de l’éthique – Faut-il être conséquentialiste ?, Paris, Hermann, 2009
- Ogien R. et Canto-Sperber M., La philosophie morale (2004), coll. « Que sais-je ? », Paris, PUF, 2017