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Médecine et causalité, statistiques et mécanismes

Publié le 1 mars 2012 Mis à jour le 12 février 2015
Santé
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Journées d'études organisées par l'Institut de Recherches Philosophiques de Lyon (IRPhiL), sous la direction de Elodie Giroux et Maël Lemoine.

Directeurs scientifiques des Journées d'études :
Elodie Giroux (Université Lyon 3)
Maël Lemoine (Université de Tours)

"Causalité et médecine" :

Mardi 27 mars 14h-17h : usage des statistiques et bayésiannisme

  • Isabelle Drouet (Université Paris-Sorbonne) :
    "Utiliser les statistiques pour inférer des relations causales"

    Mon travail vise en premier lieu à caractériser et à discuter une famille de méthodes récemment développées pour identifier les relations causales à partir de données statistiques : les méthodes reposant sur les « réseaux bayésiens ».
    À partir d’un examen des théories probabilistes de la causalité, je commencerai par proposer une formulation précise du problème que pose l’identification des relations causales à partir de données statistiques. Je montrerai ensuite que différentes méthodes pour l’inférence causale à partir de données statistiques correspondent à des stratégies différentes pour résoudre ce problème. Je m’attacherai finalement à proposer une analyse critique plus fine des solutions s’appuyant sur les réseaux bayésiens. Cette analyse s’appuiera en particulier sur une comparaison avec les essais cliniques randomisés, dont nous verrons qu’ils appartiennent à la même famille de solutions du problème initial que les méthodes reposant sur les réseaux bayésiens. Au sein de cette discussion, une attention particulière sera accordée aux contextes médicaux.
     
  • David Teira (Dpto. de Lógica, Historia y Filosofía de la ciencia, UNED, Madrid) :
    "Les essais cliniques et les limites de la causalité : perspectives fréquentistes et bayésiennes"

    Un essai clinique est une expérience médicale dans laquelle on compare les effets de deux thérapies pour évaluer ensuite le résultat selon un critère de supériorité statistique. Le débat philosophique sur les essais cliniques pendant les dix dernières années (John Worrall, Nancy Cartwright) a établi les limites des essais cliniques dans le domaine de l’inférence causale : des techniques comme l’allocation randomisée des traitements aux patients n’arrivent pas à isoler l’essai de toutes les interférences possibles. Dans ma présentation, je vais défendre que la communauté médicale a toujours été consciente de l’incertitude sur les mécanismes causaux par lesquels agissent la plupart des thérapies et les conflits d’intérêts que cette incertitude produisait. Les partisans d’une thérapie (par exemple, le fabriquant) peuvent toujours argumenter que des résultats défavorables ne constituent pas une preuve définitive. On a adopté les essais cliniques comme une expérience cruciale sur l’efficacité d’une thérapie parce qu’ils incorporent des outils statistiques qui garantissent son impartialité à l’égard des intérêts de tous les groupes concernés (médecins, patients, industrie, etc.), bien qu’il y ait de l’incertitude sur le plan de la causalité.
    J’analyserai les fondements de l’impartialité des outils statistiques fréquentistes que les agences de régulation pharmaceutique ont utilisé comme des références standard jusqu’à nos jours et la possibilité de trouver des alternatives tout aussi impartiales dans une perspective bayésienne.
     

Mardi 29 mai 14h-17h : mécanismes

  • Denis Forest (Université de Paris Ouest) :
    "Mécanismes pathologiques, manipulations et chaînes causales déviantes"

    La philosophie des mécanismes (Machamer, Darden & Craver, 2000) est devenue une branche à part entière de la philosophie des sciences qui concerne à la fois la philosophie générale des sciences (les questions de la nature de l’explication et de la causalité), l’ontologie naturelle (la question de l’ameublement du monde) et la philosophie de la biologie (la relation entre mécanismes et réduction, en particulier). Dans un article récent, Mauro Nervi (2010) a proposé de considérer que les mécanismes pathologiques forment une classe de mécanismes à part, avec des propriétés propres, ce qui revient à insister sur le caractère sui generis de l’explication en médecine. Dans mon exposé, je discuterai cette proposition et expliquerai les raisons de mon désaccord au moins partiel.
     
  • Maël Lemoine (Université de Tours) :
    "Du syndrome à la maladie : la naturalisation et ses obstacles"

    Un syndrome est un ensemble de signes et de symptômes associés. Il ne devient une maladie que lorsque son étiologie, c'est-à-dire sa cause, et sa physiopathologie, c'est-à-dire ses mécanismes, sont connus. On cherche ici à préciser ce qu'implique la découverte de la physiopathologie sous-jacente d'un syndrome sur sa définition. En prenant l'exemple d'un syndrome en cours de naturalisation, le trouble dépressif majeur, on mettra ainsi en évidence quelques obstacles à l'établissement des mécanismes qui le sous-tendent.

    Journée organisée par Elodie Giroux (Université Lyon 3) et Maël Lemoine (Université de Tours)
     

Contacts :

Elodie Giroux
elodie.giroux@univ-lyon3.fr

Valentina Tirloni
Coordinatrice scientifique
IRPhiL EA 4187 - Institut de Recherches Philosophiques de Lyon
18 rue Chevreul - 69007 Lyon
Tél. : 04 78 78 73 94 - Fax : 04 78 78 72 27
site : http://irphil.univ-lyon3.fr
valentina.tirloni@univ-lyon3.fr
Contact :
Elodie Giroux : elodie.giroux@univ-lyon3.fr
Thématiques :
Recherche; Philosophie; Manifestations scientifiques