Dans son essai intitulé Monuments, l'écrivain Robert Musil a constaté que, parmi les particularités qui caractérisent les objets monumentaux, la plus frappante et paradoxale est le fait qu'on ne les remarque pas : bien qu'ils soient érigés dans le but d'obtenir la plus grande visibilité, il n'y a rien au monde de plus invisible. Il s'agit d'une contradiction intime et constitutive qui concerne toute extériorisation de la mémoire sur un support matériel, comme Platon l'avait déjà montré dans Phèdre au regard de l'écriture : tout en confiant à la trace écrite ce que je souhaite conserver, je peux me permettre de l'oublier. En étant pour leur nature présence d'une absence, les images mémorielles - surtout celles qui sont institutionnalisées par les archives et les musées - montrent justement cette duplicité de mémoire et d'oubli, de Mneme et Lethe, qui est le trait essentiel des dispositifs mnémoniques extérieurs.

La journée d'étude vise à explorer ce statut constitutivement oxymorique du rapport de l'image à la présence et à la mémoire, qui est en même temps relation à l'absence et à l'oubli : un entrelacement complexe et fascinant, qui concerne plusieurs niveaux de la sphère iconique, de l'esthétique à l'éthique, du religieux au politique, du phénoménologique au pragmatique.


Comité scientifique :
Mauro Carbone, Andrea Pinotti, Jean-Jacques Wunenburger



Contact :
Valentina Tirloni
Chercheur postdoctoral, Coordinatrice scientifique
IRPhiL EA 4187 - Institut de Recherches Philosophiques de Lyon
18 rue Chevreul - 69007 Lyon
Tél. : 04 78 78 73 94 - Fax : 04 78 78 72 27
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