• Manifestations scientifiques,

Bachelard et le travail des eaux

Publié le 27 mars 2014 Mis à jour le 22 septembre 2023

Journée d'études organisée par la Chaire Industrielle "Rationalités, usages et imaginaires de l'eau".

"Le travail est – au fond même des substances – une Genèse. Il recrée imaginativement, par
les images matérielles qui l'animent, la matière même qui s'oppose à ses efforts."
Bachelard, La terre et les rêveries de la volonté.
 

Argumentaire


La spécificité des métiers de l’eau vient de la matière travaillée, de son environnement naturel, socioculturel ou technique où celle-ci circule, des matériaux qui servent à son ouvrage ainsi que des règles de métier qui découlent des interactions entre travailleurs et environnement de travail.
La spécificité des métiers de l’eau ne vient donc pas seulement de la matérialité de ce qui est ouvré (l’eau) mais également de celle de l’environnement qui lui est lié. Le type de médiation modifie la qualité du rapport du travailleur à l’élément eau. Des cinq sens humains aux machines hautement technicisées organisées en dispositif systémique en passant par l’outil, l’appréhension de l’eau mobilise diversement les facultés psychiques humaines. Le rapport à l’eau de celui qui la travaille est également spécifié par le domaine où a lieu l’interaction : domaine artisanal, artistique, scientifique, industriel, etc. C’est autant de tours de main et de métiers de l’eau qui sont définis.

Le séminaire se propose d'aborder ce riche thème qu’est le travail de l'eau par le biais de la philosophie et de l'épistémologie de Bachelard.

Plusieurs champs de questionnement s’ouvriront alors.
Un champ épistémologique, d’abord. Si l’approche scientifique exige de rompre avec l’imagination matérielle produisant des images substantielles, sous quelles modalités, malgré tout, l’imaginaire peut-il venir investir le travail scientifique des eaux sans le corrompre ?
Un champ éthique et pratique, ensuite. Si le travail s’initie dans un désir d’agir sur le monde, de l’informer, en quoi l’imagination élémentaire peut-elle venir le valoriser ? A quelles conditions s’agit-il d’une valorisation non pas seulement énergétique mais éthique ?
Un champ réflexif et herméneutique, enfin, au sein duquel s’engage une réflexion sur le rapport d’appartenance de l’être humain à son environnement et son sens. Quelles sont les relations entre un imaginaire qui valorise les éléments et leurs combinaisons d’une part et les symboliques qui fixent un sens du rapport à l’environnement humain et non-humain de l’autre? Les questionnements propres à chacun de ces trois champs sont voués à s’articuler les uns aux autres. L’imagination, telle que Bachelard la conceptualise, peut-elle être le lien transitif de ces trois champs dans cette réflexion sur le travail des eaux ?
 

Programme

  • 9h30 : Jean-Philippe Pierron Introduction
     
  • 9h45 : Agnès Jeanjean "Dimesions symboliques, politiques et fantasmatiques des eaux sales"
     
  • 10h20 : Cécile Nou "Ambivalences des eaux imaginaires travaillées et travail de symbolisation"
     
  • 10h55 : Nicolas Cochard : "De l’irrationnel au rationnel. La mer et les marins au XIXe siècle"
     
  • 11h30 : Alison Aurosa "La Mer Méditerranée entre Histoire et Imaginaires"
     
  • 14h : Julien Lamy : "L'eau est-elle une matière comme les autres ? Éléments pour une psychanalyse de l'imaginaire de l'eau, entre faits et valeurs"
     
  • 14h35 : Gilles Hiéronimus "Mouvements de l’eau et mouvement de l’âme : L’eau comme médiateur psycho-corporel"
     
  • 15h10 : Jean-Jacques Wunenburger "Une métrique poétique de l’eau. Poétique d’une irrigation juste et rythmée"

  • 15h45 : Renato Boccali : "Morphologie aquatique. Ecologie du paysage et rêverie matérialisante"